Depuis plusieurs décennies, les gouvernements successifs ont régulièrement diminué les subventions aux HLM.
Quelques chiffres sont nécessaires pour illustrer ce propos. Dans un document récemment édité, l’Union Sociale pour l’Habitat (organisme qui rassemble l’ensemble des bailleurs du logement social – USH) donne des indications éclairantes.
Les subventions de l’État et des autres contributeurs publics sont passées de 14 % en 2000 à 7 % en 2019.
Autant dire que ce sont les loyers des locataires HLM qui financent à 90 % le budget des bailleurs HLM publics ou privés. En particulier les remboursements d’emprunts destinées aux constructions neuves. Et les crédits souscrits représentent en 2019 pas moins de 77 % de la construction d’un logement social neuf.

Ce ne sont pas seulement les associations de locataires qui le disent mais bien l’USH elle-même. Qui dispose de tous les chiffres de ce secteur économique. Par exemple, citation :
« Les loyers permettent à la fois de rembourser ces emprunts, de couvrir les coûts de gestion et de dégager des ressources entièrement réemployées dans le financement de l’activité HLM. »
*Les HLM, une chance pour votre territoire, brochure de l’USH, p. 19
Dans les conditions actuelles de gestion du logement social, le point de rupture est désormais atteint car les bailleurs HLM sont amenés à augmenter les loyers pour équilibrer leur budget. Et aucune mesure ne régule les charges locatives qui explosent dans le secteur public du logement, comme d’ailleurs dans le privé.
La reprise récente et brutale de la hausse des prix, notamment de l’énergie, ne permet plus à une majorité de familles de faire face à la charge logement. Ces charges de logement « représentent, à elles seules, 32 % des dépenses dites « pré-engagées » ou contraintes des ménages locataires du parc privé comme du public, alors qu’elles ne dépassaient pas 27 % en 2001. Chez les 20 % des ménages les plus modestes, cette proportion atteint 40 % chez les locataires du parc privé et 36 % chez ceux du parc HLM ».
Bloquer la hausse des loyers et des charges
La seule solution efficace économiquement et socialement consiste à revenir aux bases du financement par l’État du droit au logement, ce qui a permis à l’époque la création d’un riche patrimoine social dont bénéficient des millions de personnes aux revenus modestes. Les mécanismes du marché, laissés à eux-mêmes, ne peuvent qu’aboutir à loger les seules familles aux revenus élevés. Dans l’immédiat, seul le blocage des loyers et des charges par l’État peut permettre de répondre sans délai les difficultés rencontrées par les locataires.
Les médias ont commencé très récemment à se faire l’écho de ce type de revendication jusqu’ici invisibilisée. Ainsi, dans un article du journal Le Monde, Isabelle Rey-Lefebvre titre :
« Le blocage des loyers sur la table du gouvernement
L’Union régionale Ile-de-France de la CSF* s’est pour sa part prononcée en ce sens dans son plan d’urgence pour les HLM en sept propositions. Le gel des loyers et des charges est une revendication prioritaire qui s’adresse aux pouvoirs publics, aux bailleurs et bien entendu dans la période politique actuelle aux candidates et candidats aux législatives. Ceux-ci vont devoir se prononcer sur cette question dans leur campagne et lorsqu’ils seront à l’Assemblée nationale le 20 juin prochain.
Dès à présent, l’Union départementale de la CSF** des Hauts-de-Seine avec les locataires HLM s’est inscrite dans cette action pour la faire aboutir sans délai.
Robert Crémieux
*La Confédération Syndicale des Familles, URIF-LaCSF, 53 rue Riquet, 75019 Paris – urifcsf@la-csf.org
**Union Départementale LaCSF, 88 rue Martre, 92110 Clichy – csf.ud92@gmail.com
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